L’arrivée d’une nouvelle cantine japonaise – le gyoza shop – dans le 9ème arrondissement, confirme à nouveau le dynamisme du quartier sud de Pigalle, et sa capacité à accueillir des formes de cuisine japonaise très variées, de la plus populaire à la plus raffinée. En effet, depuis quelques années, le 9ème arrondissement s’impose peu à peu comme le nouveau spot des restaurants japonais branchés, avec la rue Pigalle en guise de nouvelle rue Saint-Anne. A tel point que l’usage qui voulait que l’on aille systématiquement dans le quartier d’Opéra pour trouver un large choix de restaurants japonais semble aujourd’hui dépassé.
Petit résumé de cet arrondissement qui vit à désormais à l’heure nippone, en commençant par le dernier arrivé en date, le Gyoza Shop.
GYOZA SHOP
Guillaume vient de lancer son Gyoza Shop il y a quelques semaines seulement au numéro 47 de la rue Condorcet. Il a su transformer cette ancienne boucherie en une jolie et accueillante cantine. La vitrine permet en s’ouvrant entièrement de découvrir l’intérieur de la boutique depuis la rue. Ne comptez pas venir en bande au Gyoza shop, le restaurant est avant tout destiné à la vente à emporter, même si un petit comptoir de 5 places permet de s’y restaurer midi et soir.
Les gyoza 餃子 – raviolis japonais – sont tous réalisés sur place, et cuits devant les clients. La cuisson des gyoza est assez spécifique, puisqu’ils sont d’abord grillés d’un coté, puis cuits à la vapeur en ajoutant un peu d’eau en fin de cuisson et à couvert. Cela permet d’avoir un ravioli croustillant et fondant à la fois. Guillaume propose aussi d’emporter ces raviolis dans des petites boites et de les faire cuire à la maison. Rassurez-vous, il vous expliquera la recette en détails ! La carte des raviolis est déjà bien fournie : Gyoza shop propose déjà pas moins de 5 recettes différentes, dont une végétarienne aux champignons shiitaké. Merci pour cette initiative veggie frendly !
Vous trouverez également chez Gyoza Shop une jolie sélection de produits d’épiceries fines (bières, saké, shochu, sembei…)
Bref, une adresse sympathique qui trouvera j’espère son rythme de croisière assez rapidement.
Le Gyoza Shop, 47 rue Condorcet, 75009 Paris
HOTARU
Caché derrière sa devanture discrète, on peut passer devant Hotaru (luciole en japonais) sans y prêter attention. L’intérieur est assez rustique, et la décoration faite de bric et de broc, mêle de drôles de tableaux rendant hommage avec humour aux sushis et des affiches de la culture japanime.
Il ne faudra surtout pas s’arrêter à cette devanture et à cette décoration, car la cuisine y est excellente. Le propriétaire n’est autre que le fils du chef du célèbre restaurant Takara (rue Richelieu), qu’on dit être le plus ancien de la capitale. Autant dire que le monsieur s’y connait en cuisine japonaise. Les beignets de thon dégustés ce jour là étaient juste à tomber. Il ne s’agit pas d’une friture de type tempura てんぷら , mais d’une technique appelée tatsuage qui consiste à faire mariner le produit dans un mélange de saké, de shoyu et de sucre, puis de le tremper dans une fécule de pomme de terre avant de le passer dans l’huile. Le résultat est juste incroyable. Les prix pratiqués sont certes un peu élevés, mais la qualité et le savoir faire sont vraiment au rendez-vous. Merci à Yoko&Katz pour m’avoir emmener dans ce restaurant que je voulais tester depuis longtemps.
Hotaru, 18 Rue Rodier, 75009 Paris
MOMOKA
Momoka 1 et 2, ce sont deux adresses, situées dans le bas de la rue Pigalle Le premier est tout petit, et le deuxième un peu plus grand. Quoiqu’il en soit, ces deux restaurants font désormais partie des grands classiques du quartier, et c’est pourquoi il est impératif de réserver, spécialement le soir.
Chez Momoka, la cuisine fait la part belle aux légumes et aux produits de saisons, que sa chef Masayo travaille avec virtuosité (tantôt dans une approche traditionnelle, tantôt dans une approche fusion), notamment dans ses menus dégustation (environ 60€ le soir). Le midi, le premier menu commence à 29€. Il est également possible de commander un bento pour une vingtaine d’euros. Une belle adresse, idéale pour une soirée en tête à tête.
Momoka, 5 Rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris
KIKU
Situé dans la très dynamique rue Richer, au sud de l’arrondissement, Kiku a conquis son public par ses menus dégustations (35€ et 55€) et son engagement écologique (pas de thon rouge au menu). Le restaurant existe également sous forme de cantine spécialisée dans les bentos du midi « Simplement kiku », deux numéros plus loin dans la même rue. Les deux restaurants sont actuellement en travaux et devraient rouvrir leurs portes très prochainement.
Kiku, 56 Rue Richer, 75009 Paris
TSUBAME
Ouvert il y a un peu plus d’un an à l’angle de la rue Blanche et de la rue de Douai, Tsubamé (hirondelle en japonais) a très rapidement trouvé sa clientèle : le midi en proposant des bento à des prix raisonnables, et le soir avec un concept izakaya à la carte. J’ai trouvé deux ou trois choses perfectibles sur la cuisine (notamment des karaagé beaucoup trop gras), cependant la déco est soignée et l’équipe est aux petits soins. Une adresse sympa pour s’initier à une cuisine japonaise authentique parsemée d’accords vietnamiens.
Tsubame, 40 Rue de Douai, 75009 Paris
ITO
Ito avait frappé fort en proposant le concept de l’izakaya japonais sous forme d’un petit bar branché situé à quelques encablures du Moulin Rouge. Contrairement à son voisin Tsubamé, l’izakaya se pratique en formule, et permet de choisir au minimum trois petits plats pour 19€.
ITOCHAN
Fort de son succès, et profitant de la libération d’un local voisin, Ito y a transféré son izakaya tout en conservant son premier emplacement pour un faire un restaurant de ramen (mais qui propose également quelques bento). J’avais déjà parlé de cette adresse dans mon article sur les ramen.
PECO PECO
La sympathique équipe de Peco Peco (onaka ga peko peko = « j’ai faim » en japonais) a également élu domicile rue Pigalle. Leur spécialité : domburi (bol garni) le midi, et kushiage le soir : des brochettes panées, une spécialité de la ville d’OSAKA.
Peco Peco, Rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris
De manière plus globale, il faut avouer que cette diffusion de la cuisine japonaise, si elle est fortement marquée dans ce quartier, ne lui est pas propre. D’autres arrondissements vivent également le même phénomène. Ce qui se passe dans le 10ème arrondissement avec Abri, Mussubi, Maru, et le 6036 en est un bon exemple. Il faut sans doute y voir la capacité de la cuisine japonaise à séduire une clientèle toujours plus large (certes jeune dans son ensemble, mais pas que). D’autre part, la connaissance des consommateurs en matière de cuisine japonaise a littéralement explosée et a crée de nouvelles envies de cuisine, plus pointues, et plus authentiques. Cette tendance est également à mettre en relation avec les nouvelles habitudes des français en matière de la consommation hors domicile : repas déstructuré (fin du modèle entrée-plat-dessert), goût pour la cuisine ethnique, préférence pour les cantines mono produits…
Il est fort probable qu’on voit arriver dans les années à venir – comme ce fut le cas à Londres et New-York – une foule de nouveaux concepts japonais spécialisés, et je ne serais pas étonné que le 9ème arrondissement soit encore le siège de ces nouvelles expérimentations.